Au bon génie des marionnettes

Voici une image tiré d'un journal pour la jeunesse édité par Louis Colas (libraire à Paris, 32 rue Dauphine) et intitulé du Le Bon génie, journal de la jeunesse. Cette illustration anonyme est tiré du volume 2 (vers 1826) et s'intitule les petites marionnettes (on peut retrouver une partie des illustrations de cette publication dans la collection de l'INRP, http://www.inrp.fr/she/lej/liste_2_a.htm)

La scène semble anodine : une mère et ses enfants, regardant des marionnettes. Cependant, à y regarder de plus près, tout porte à croire que nous somme ici dans une représentation typique de l'enfance au début du XIX° siècle. D'un côté deux petites filles habillées de manière bourgeoise, possédant des jeux inhabituelles, ainsi qu'un petit garçon agenouillé mais portant une casquette non défaite sur la tête (ce n'est certainement pas un enfant des rues). Nous avons ici une représentation fidèle de l'enfance bourgeoise et richement dotée (les personnages sont d'ailleurs un peu en retrait par rapport à la scène). Au centre, un femme assise s'occupant d'un enfant sur ses genoux ; elle semble surtout être au centre pour faire respecter l'ordre et/ou pour s'occuper du plus jeune des enfants. Par son habillement, par ses gestes, on la perçoit plus comme une nourrice que comme une mère (l'adulte ici travaille et semble participer à la scène plus par obligation). A droite, un petit joueur de fifre et de tambour : ses pieds sont nus, son pantalon mal mis, son chapeau (celui d'un adulte) à côté de lui (pouvant récupérer quelques pièces). C'est lui qui fait actionner les marionnettes (grâce à un fil noué à sa jambe). Ici le marionnettiste est un enfant et, comme un jeu inverse, les marionnettes sont un couple d'adultes habillés à la mode de l'époque. Comme en réponse, on pourrait croire que ce sont les parents des jeunes enfants bourgeois qui, en miniature, amusent leur enfants (bien qu'ils soient absents). Nous ne sommes donc pas avec cette image dans une scène champêtre comme on pourrait le croire, mais presque dans une scène quotidienne de la société du XIX° siècle où les enfants des rues amusent par quelques jeux les plus aisés, où les enfants hupés sont laissés à la garde d'adultes et de nourrice (on pourrait croire ainsi que la scène se déroule plus dans un parc ou un square qu'à la campagne). D'autant qu'au final ce type de marionnettes (animation de poupées grâce à un fil tendu) semble très rares à l'époque (et ce type de jeu se retrouve plus dans le maison qu'à l'extérieur).

On retrouve dans ce journal Le Bon génie, journal de la jeunesse d'autres représentations de scènes de marionnettes beaucoup plus caractéristiques de l'époque. En voici quelques-unes :