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Le Petit Paquis
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6 avril 2009

L'illustration, les chérubins et Bertall

En 1857, paraît dans une première version, pour le compte de la Bibliothèque des chemins de fer de Louis Hachette, Les Légendes pour enfants, agrémentées de 42 vignettes de Bertall. Une seconde édition de ces Légendes pour enfants arrangés paraîtra en 1861 chez Hachette et Compagnie.
Il est vrai que Bertall est un illustrateur bien connu de la maison Hachette. Né à Paris le 18 décembre 1820, Charles-Albert d’Arnoux, dit Bertall, a commencé par se passionner par la peinture avant de se trouer cers l’illustration et la caricature. A partir de 1843, il commença un véritable carrière d’illustrateur, notamment dans L’Omnibus et pour plusieurs œuvres illustrées de Balzac (édition Furnes voir La Maison de Balzac à Paris, http://www.v1.paris.fr/musees/Balzac/collections/dessins_furne/bertall.htm)

Ainsi, Bertall collabora avec Gavarni à l'illustration du Diable à Paris (1844-1845). Il illustre aussi les Petites misères de la vie conjugale en 1845-1846 pour lesquelles Balzac lui donne encore des conseils (voir à ce propos : Thierry Bodin, "Petites Misères d'une préface", L'Année Balzacienne, 1980, p. 163-168).

bertallpopuMais Bertall fut également une des illustrateurs attitrés des livraisons à 20 centimes qui apparaissent en France à partir de 1849. On le retrouve dans de nombreuses collections éditées par Gustave Barba, Joseph Bry ou encore Gustave Havard. (et notamment pour la collection des Romans populaires illustrés).
Bertall a également illustré de nombreux livres pour enfants, par exemple pour le Nouveau Magasin des enfants, la Bibliothèque des enfants d’Hetzel ou la Bibliothèque rose de Louis Hachette. On le retrouvera également dans La Semaine des enfants et dans le Journal pour tous. Ainsi Bertall reste, encore aujourd’hui, profondément associé aux œuvre de la comtesse de Ségur et l’on peut encore voir ses images dans les collections de poche des petites filles modèles (éditées pour la première fois par Hachette dans la Bibliothèque des Chemins de fer en1857, puis en 1859 en Bibliothèque Rose chez le même éditeur), aux côtés d’Horace Castelli ou Emile Bayard.

Les Légendes pour enfants , arrangées par Paul Boiteau semblent ainsi pour Bertall plus un objet de commande qu’une véritable création. Pour cette collection mi-populaire, mi-enfantine, qu’est la Bibliothèque des chemins de fer, Bertall donne ainsi 42 petites vignettes, parfois de mauvaises qualité. Mais ce qui semble pour lui une nouveauté, c’est de s’attacher avec plus d’attention à une illustration qui serait destiné à la jeunesse, au tout au moins à un public plus jeune que d’habitude.
D’abord ce sont des légendes ou des reprises (on voit ici encore le thème de l’adaptation pour l’édition enfantine). Dans ce volume, on retrouve six légendes : Le roi Dagobert, Geneviève de Brabant, Robert le Diable, Jean de Paris, Griselidis et le Juif errant. Une préface, nous indique qu’elles sont tirée en partie de la célèbre Bibliothèque bleue et qu’elles sont « à peu près reproduites en l’état ». C’est en partie vrai et en partie faux. Car Bertall n’a pas créé pour Hachette toutes les illustrations qui sont reproduites dans ce volumes. Certaines viennent d’éditions antérieures (par exemple celles de Geneviève de Brabant) reprises soit des collection de Gustave Havard soit de celles de Joseph Bry qui avait diffusé une Bibliothèque bleue à partir de 1855. On voit ici tout le métier des éditeurs du XIX° siècle à l’œuvre : reprendre des illustrations peu chères pour de nouvelles collections (et spécialement pour celles destinées à la jeunesse. bertallbrabant
Pourtant, dans ces Légendes pour enfants, un autre trait remarquable peut nous retenir. Bertall en effet tente (peut-être pour l’une des premières fois) de mettre en scène des enfants (et ce pour un public de lecteurs du même âge). Déjà, dans le texte, de nombreux indices l’attestent. On trouve ainsi une enfance de Dagobert « fils du roi Chlother et de la reine Berthelot. On trouve aussi de nombreux avertissements comme au début de la légende de Geneviève de Barant : « Petits enfants, apprenez donc à la fois, en lisant la vie de Geneviève de Brabant, à savoir souffrir sans cesser d’être vertueux et sans vous décourager, et aussi à raconter simplement les belles actions. ».
Ce « moralisme » patent qui sera l’une des marque de fabrique des éditions Hachette se retrouve aussi dans les illustrations de Bertall, où l’illustrateur tente de donner à voir des enfants innocents et vierges, entourés par la nature (c’est-à-dire non pervertis). Dans ce volume, Bertall revient ainsi sur la figure du chérubin, petit ange aux cheveux longs, petit être encore à éduquer.

bertalldagobert

C'est presque la même image que Bertall avait donné pour la Physiologie du goût de Brillat-Savarin parue chez Gabriel de Gonet en 1848.

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Cette image du chérubin traverse tout le XIX° siècle (et ce jusqu’en 1914) et Bertall, comme beaucoup de ces confrères illustrateurs, n’échappent pas à la règle. Le monde de l’enfance est encore dans une large mesure à découvrir.

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